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Photo du rédacteurAudrey Chevalier

La douceur n'offre aucune prise au pouvoir

La douceur. Voilà une émotion bien mal comprise. Non, aujourd'hui, nous sommes occupés à chercher moult explications à nos tourments grâce aux énergies du moment quand il ne s'agit pas des effets de la lune. Et puis, l'on se dit hypersensible à tout bout de champ refusant de voir à quel point le Moi est défaillant parce que ça dit tout, ça excuse tout. Et pendant que nous errons dans ce musée des névroses à ciel ouvert, que nous mettons en cause de soit-disant blessures de l'âme, que nous projetons nos dieux intérieurs sur les astres, nous passons à côté de ce qui nous a maintenu en vie dès les origines : la douceur.


La douceur n'est pas une faiblesse. Elle est au contraire une force indescriptible. Aussi, lorsque le natif lutte avec ses ombres, il devient Orion et seule la traque aux parts animales subsiste. Il ne mesure pas encore que le Soi cherche un moyen de surgir de la pénombre et de s'exprimer à travers l'expérience que seule la douceur rendra tangible. Ainsi, devenons-nous des chasseurs : se méfier et rendre prisonnier. Tuer même, avant d'être tué. S'emparer et dominer tant et plus pour ne plus avoir à ressentir l'aiguille vivace du rejet et de l'impuissance que l'homme ou la femme de nos pensées a éveillé en soi. Quitter avant d'être quitté. Note pour plus tard : penser à quitter avant que cela n'ait commencé. Ainsi pensent et parlent les frustrés de la douceur.


Les éperdus d'amour se fracassent sur le rocher de la défiance. La force solaire du Soi les pousse toutefois violemment dans l'existence mais l'expérience demeure inachevée tant que la douceur ne subsiste pas. La douceur, entendons-nous, permet de surmonter l'insurmontable. Elle apaise les êtres au coeur du conflit même quand celui-ci est silencieux. Elle justifie à elle seule la possibilité d'apprivoiser pour enfin se laisser toucher. La blessure demeure certes, mais nos coeurs se parent des atours de la noblesse qui ont fleuri par la puissance de la douceur.


Oui, la mort a pris mon aimé, cet arrachement est gravé en moi. Mais il n'est rien comparé aux années de douceur partagée car elle a un pouvoir insoupçonné : elle s'installe pour ne jamais plus nous lâcher.




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